Le soupir d’un vent léger
Sous une arche de platanes,
Un manoir abandonné
Au fond d’un sentier sauvage.
Aimanté par son aura
Je remonte son allée,
Je laisse divaguer mon âme
Près d’un vieux banc fatigué.
Quelques notes légères
S’envolent d’un piano
Et se mêlent dans l’air
Au-delà d’un linteau.
Transparents comme l’eau vive
Sous les doigts qui les effleurent
Naissent des accords nostalgiques
Où je devine quelques pleurs.
Depuis plus de cent années
Plus personne n’a vécu
Dans le vieux château plongé
Dans un oubli absolu.
Et dans l’ allée du parc
M’arrive ce prélude,
Abandon délicat
D’un cœur qui se dénude.
Sur les ailes de mes pensées
Dont rien n’arrête l’envol
J’imagine un cœur blessé
Qu’aucun siècle ne console.
Par la fenêtre entrouverte
Je vois une forme opaline
Qui sur les touches fait naître
Cette musique limpide.
Une scène surnaturelle,
Une femme d’un autre temps
Dans une robe de dentelle
Pianote sur l’instrument.
Le vieux manoir a gardé
Entre ses murs délabrés
Une âme au cœur déchiré
Emprisonnée à jamais.
Et vers le ciel s’évadent
Les larmes d’un prélude
Abandon délicat
D’un cœur qui se dénude.
J. Meyer (octobre 2023)