Elle se glisse dans une ruelle
Du vieux village provençal,
Elle se sent libre, elle est si belle
Sous le ciel parsemé d’étoiles.
A l’heure où le village s’endort
Et que se taisent les cigales
Elle apparait enfin dehors
Pour goûter la nuit estivale.
On dirait une sauvageonne
Volontaire et déterminée,
Aussi féroce qu’une amazone
Si un homme osait approcher.
Elle fuit la vie
La demoiselle,
Elle sort la nuit
Dans les ruelles.
Elle s’arrête près d’une fontaine
Regarde un instant son reflet,
Dans ses yeux se lit de la peine
Comme si elle portait un secret.
Je la découvre enfin fragile,
Je voudrais tant l’apprivoiser,
Sous son apparence impassible
Se cache une fleur apeurée.
Elle ne sait pas que chaque nuit
Pour la suivre dans sa flânerie
Je sors en silence moi aussi.
Pour elle je briserais ma promesse
D’une vie libre et sans attaches,
Je sacrifierais ma bohème
Pour qu’elle dépose enfin les armes.
Mais seules les vieilles marches de pierre
Partagent avec elle son secret,
Bohémienne au cœur solitaire
Elle reste pour moi un mystère.
Je n’ose pas la déranger
Elle semble si inaccessible,
Je me contente de l’admirer.
Et avant que l’aube ne vienne
Dans un bruissement de jupon
Elle emporte avec elle sa peine
Et retourne dans son cocon.
J. Meyer (juillet 2023)