Je l’avais déjà vu sur le vaporetto,
Le long du Grand Canal, et là à Murano,
Ce dieu superbe au port altier.
Quel est cet inconnu sans cesse sur mon chemin ?
Ces don Juan d’un jour je les connais trop bien,
Ils osent,
Ils osent.
Pourquoi tant de hasard, mais est-ce bien le hasard
S’il est là sur mes pas, même lorsque je m’égare ?
Quel est ce démon tentateur ?
Je n’ose le regarder, mais mon Dieu qu’il est beau
Ce prince vénitien qui descend du bateau,
Je n’ose,
Je n’ose.
Que ce doit être doux de se laisser séduire,
Se laisser caresser par un si beau sourire,
A rendre jaloux Adonis.
Répondre à ce regard, à ces yeux audacieux,
Qui en tout autre temps me font baisser les yeux,
Oserai-je,
Oserai-je ?
Même si l’on dit de moi que je suis plutôt sage
Je ne suis pas de bois, je ne suis pas en cage,
Je veux bien être sa Vénus.
Je ne peux résister devant tant de douceur,
Devant ces yeux qui me dévorent avec ardeur,
Et j’ose,
Oui j’ose…